À force de crier au loup, il finit par surgir

Pour la finance, n’est-ce qu’un mauvais moment à passer ? La fuite vers le refuge du marché obligataire pour se protéger de l’orage s’accompagne de l’espoir qu’il finira bien par s’arrêter. Mais quand et à quel prix ? Les spéculations fleurissent sur la date du pic de la pandémie, notamment en Chine d’où elle est partie, avec la conviction qu’un calendrier identique prévaudra par la suite dans les autres pays touchés. Afin de combattre l’angoisse, il y a toujours comme issue de rationaliser abusivement, faute de données établies.

Une certitude y pousse : il ne peut pas être improvisé d’autres chaînes d’approvisionnement, ce qui implique que leur rupture se doit d’être temporaire. Et qu’il en sera de même de l’approfondissement des tendances récessives, à qui il ne faut pas donner le temps – deux trimestres consécutifs de croissance négative – pour se transformer en récession dans les pays les plus atteints. À cet égard, on pense bien entendu à l’Italie, dont tout le nord industriel est sous confinement, mais également à l’Allemagne dont la croissance est en berne, ou à la France dont la Banque centrale vient d’abaisser à 0,1% ses prévisions dans ce domaine… Une course de vitesse est donc engagée.

Quels dégâts peuvent entretemps survenir dans le système financier ? La baisse des taux sur le marché obligataire touche à la fois les compagnies d’assurance et les banques, ainsi que la finance de l’ombre.

Le modèle économique des assureurs est soumis à rude épreuve au fur et à mesure que leur portefeuille de titres vient à maturité et qu’il faut les renouveler, car les nouveaux n’offrent pas le même rendement. Sans attendre, l’Euro Stoxx Banks – l’indice des banques cotées de la zone euro – dévisse aujourd’hui de 8,3 %, et perd plus de 17 % en cinq séances. Les banques françaises sont particulièrement sanctionnées. Leur exposition au risque italien n’y est pas pour rien.

Aux taux bas s’ajoutent désormais la crainte de voir le coût du risque s’envoler, comme en témoigne la flambée du cours des CDS qui assure celui-ci. Enfin, les banques étant appelées à faire preuve de mansuétude vis à vis des entreprises rencontrant des difficultés financières, Bercy demande aux régulateurs de reporter les tests de résistances bancaires afin qu’elles ne soient pas dans l’obligation de renforcer leurs fonds propres en conséquence.

À Wall Street, les coupe-circuits ont été activés pendant 15 minutes à l’ouverture afin de limiter les dégâts, les valeurs pétrolières et bancaires accusant le coup. Ces dernières chutant en raison de la perspective d’une nouvelle baisse des taux de la Fed, qui a annoncé une nouvelle injection de liquidités et navigue au plus près.

Un choc financier pourrait aussi intervenir dans la finance non régulée, où des cadavres peuvent être facilement dissimulés dans les placards. Aux États-Unis, le Financial Stability Oversight Council (FSOC) qui surveille le lait sur le feu pointe du doigt les prêts à effet de levier, les chambres de compensation et le marché interbancaire du « repo » dans la finance formelle, mais aussi les fonds de dette, les gérants d’actifs et les hedge funds dans l’informelle. Cette dernière est estimée peser aujourd’hui plus de 51.000 milliards de dollars – un chiffrage du Conseil de stabilité financière qui date de 2018 – ayant considérablement enflé depuis la crise aiguë de 2008. Et elle joue un rôle grandissant dans la croissance du crédit aux États-Unis, ce qui n’a rien de rassurant.

On se perd en conjectures : une telle avalanche de menaces est-elle une anticipation de ce qui leur pend au bout du nez ou bien l’expression d’une angoisse exacerbée ? Les deux à la fois !

3 réponses sur “À force de crier au loup, il finit par surgir”

  1. La toute première chose à mettre en avant quant à cette nouvelle fébrilité sur les marchés financiers, ce sont ces directions ouvrières ( PS PCF LO NPA flanquées des radicaux bourgeois LFI ), qui il y a quelques semaines à peine, dans un même élan, fomentaient un contre projet de réforme sur les retraites ( maintenant ça ne fait aucun doute surréaliste ), en bons réformistes qu’ils sont tous.

    Les événements des derniers jours tonnent comme un extraordinaire révélateur, prouvant le charlatanisme de ces directions de gauche et d’extrême gauche, ayant pour tout horizon « social » la taxation des marchés financiers.

    Et si les marchés financiers s’effondraient ? Et si plus qu’un krach boursier, nous devions vivre un krach monétaire, la disparition du dollar et de l’euro, du yen, comme le mark le fût dans les années 20 ?

    Quels drôles d’idiots incapables aurions nous à la tête du mouvement ouvrier !

    Ils se réclament peu ou prou de Jaurès, Marx Engels Lénine Trotsky, ils se couvrent du prestige de ces grands hommes, pour mieux dévoyer la doctrine de ces penseurs, et à bon compte, se donner un petit air révolutionnaire, afin de mieux duper les travailleurs.

    Les travailleurs ne doivent plus être dupes de ces politiciens archi-banqueroutiers.

    Il faut que la base de ces partis les démissionne immédiatement, les révoque, ne serait que pour avoir assassinés la grève SNCF RATP, en complicité avec Martinez et Veyrier.

    Les événements historiques qui viennent ne laisseront pas pierre sur pierre de ces Mélenchon, Faure, Roussel, Arthaud et Besancenot-Poutou.

    Ah ce Poutou ! A lui seul – symboliquement- il exprime toute la supercherie du moment !

    Cette chose étant dite avec force, là doit être l’objet de toutes nos angoisses, toute raison gardée, nous assistons avec ce coronavirus, à une séquence, peut être angoissante, mais simplement à une séquence, de l’histoire déjà bien mouvementé du capitalisme, pas à son agonie finale.

    Seul le prolétariat organisé fera disparaître le capitalisme, rien d’autre !

    A titre d’exemple, ces dernières 24h00 , alors que les investisseurs fuyaient les marchés boursiers en masse, le cour de l’or est resté sage. Le cour de l’or étant historiquement le pouls du monde à son stade inférieur, affirmons que nous assistons à un replis tactique des marchés, pas à une panique.

    Les capitalistes restent avec leurs « liquidités » sur le pont, dans l’attente d’un rebond des marchés. Ils ne sont pas encore au stade à chercher une valeur refuge comme l’or.

    NOUS ASSISTONS PLUS A UNE CORRECTION DES MARCHES QU’A UN KRACH.

    Ce n’est pas la paralysie immédiate conjoncturelle de l’économie mondiale, la tension existant entre Moscou et Ryad, entre Moscou et Ankara, qui peut faire perdre le moral à ces gens d’argent qui franchement en ont vu d’autres.

    Ce n’est donc pas les faits du moment qui doivent attirer notre attention de libre penseur marxiste, mais comment ces moments sont vécus, et quel sera le monde, le jour des révolutions et des guerres -vraiment conséquentes- qui inexorablement arrivent.

    Ça sera pour n’importe quel individu, n’importe quel gouvernement, infernal !

    La capitalisme, à son stade impérialiste mortifère, n’est plus un système capable de traverser des moments de tempêtes, même de faible intensité comme en ce moment, sereinement. Le capitalisme, et son sous produit l’anarchisme individualiste, rend les gens bêtes et méchants, incapables de penser et d’agir rationnellement.

    Raison de la nécessité vitale de vite se regrouper dans un parti ouvrier révolutionnaire et une internationale ouvrière révolutionnaire de type bolchevique.

    Dans le cas contraire, sans cette accoucheuse de l’histoire, comme Marx voyait le parti communiste, de cet enfantement ne sortira que du sang, pas d’enfant, la dislocation irréversible de la civilisation sur les cinq continents.

    Nous sommes ce matin beaucoup plus proche de la barbarie que du socialisme.

    A qui la faute, sinon à ces pseudo chefs révolutionnaires, qui flanqués de démagos populistes, vont dimanche à Bordeaux à la pêche aux bobos ?

    Honte à eux !

  2. Un grand silence, non?

    Allez, j’y vais de mon aumône:
    Marx et notre financier-président ont ceci de commun qu’ils ne sont pas la solution mais le problème.

    1. Marx est né il y a plus de 200 ans, autant dire sur une autre planète. Quant au président actuel, il n’est qu’un kleenex jetable, un haut fonctionnaire acheté lors de son passage dans une banque d’affaires et nommé à la tête de l’État par nos amis milliardaires.

      Pardonnez-moi d’enfoncer une porte ouverte, mais le problème ne réside pas dans tel ou tel voyou qu’il suffirait d’éliminer, mais bien dans le système mafieux mis en place à une échelle internationale et qui conduit notre espèce à l’extinction. Si un virus beaucoup moins létal que celui de la grippe espagnole suffit à démontrer la fragilité de nos sociétés, nul besoin d’être grand clerc pour savoir ce qui adviendra lorsque ce sont les lois de la thermodynamique qui siffleront la fin de la récréation.

      Nous sommes une espèce animale, des primates semi-humains qui se trouvent devant un goulet évolutif. Soit notre intelligence parvient à juguler nos instincts, soit nous détruisons nos enfants et disparaissons.

      Étant entendu que ce système mafieux ne peut être réformé et qu’il est prêt à toutes les violences pour se perpétuer, il s’agit en définitif d’une lutte à mort de l’espèce… contre elle-même. Macron, Trump, Bolsonaro et tous les voyous-milliardaires ne sont que notre reflet dans le miroir.

      L’holocauste écologique et sa finalité pour la bourgeoisie, expliqués par Monique Pinçon-Charlot

      https://www.youtube.com/watch?v=Gt4OSu-LSMY

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